BASTA! Journal de marche zapatiste
Tunisie: un mort et des blessés dans des affrontements à Menzel Bouzayane
De violents affrontements ont opposé vendredi des manifestants et la police dans la région de Sidi Bouzid (centre-ouest tunisien) faisant un tué et des blessés, a-t-on appris de sources officielle et syndicale.
Le ministère de l'Intérieur a fait état d'un mort et deux blessés parmi les "assaillants" et de plusieurs blessés parmi les agents de sécurité, dont deux sont dans le coma.
Selon une source syndicale contactée par l'AFP, les affrontements qui se sont produits à Menzel Bouzayane, une localité à 60 km de Sidi Bouzid, en proie à des troubles sociaux depuis plusieurs jours, ont fait un mort et dix blessés. Mohamed Fadhel, syndicaliste de l'enseignement secondaire a affirmé que le manifestant décédé, Mohamed Ammari, 18 ans, a été touché à la poitrine.
Plus de deux milles habitants de Menzel Bouzayane (280 km au sud de Tunis) ont participé à cette manifestation, décrite comme "très violente" par M. Fadhel.
Dans un communiqué diffusé par l'agence gouvernementale TAP, le ministère de l'Intérieur affirme que "des groupes d'individus ont incendié la locomotive d'un train et mis le feu à trois véhicules de la garde nationale, avant d'attaquer le poste de la garde nationale de la ville".
Après avoir essayé de les dissuader, des agents de la garde nationale ont été amenés "à recourir aux armes dans le cadre de la légitime défense", selon la même source.
M. Fadhel a indiqué que des renforts de police dépêchés de Sidi Bouzid, ont encerclé la ville de Menzel Bouzayane en en interdisant les accès ajoutant que les forces de l'ordre ont procédé à une vague d'arrestation.
La région de Sidi Bouzid est en proie à des troubles sociaux à la suite d'une tentative de suicide d'un Tunisien de 26 ans, diplômé de l'université.
Le 17 décembre, Mohammed Bouazizi, vendeur ambulant de fruits et légumes, s'est fait confisquer sa marchandise par la police municipale, n'ayant pas les autorisations nécessaires.
Désespéré, le jeune homme s'était aspergé d'essence pour s'immoler par le feu. Grièvement brûlé, il a été transféré dans un centre médical près de Tunis.
Ce premier incident a provoqué des protestations qui ont dégénéré en affrontements entre la police et des habitants.
Le pouvoir avait affirmé que ces heurts n'étaient qu'un "incident isolé" et dénoncé leur exploitation à des fins politiques "malsaines" par l'opposition.
Le 22 décembre, un jeune Tunisien de Sidi Bouzid, s'était électrocuté au contact de câbles de haute tension après avoir escaladé un poteau électrique en criant qu'il ne voulait "plus de misère, plus de chômage", selon Ali Zari, un dirigeant syndicaliste.
Le ministre de Développement, Mohamed Nouri Jouini s'est déplacé jeudi à Sidi Bouzid, pour annoncer des mesures présidentielles pour la création d'emplois et le lancement de projets d'un montant de 15 millions de dinars (1 dinar= 0,52 euro).
Lors d'une conférence de presse, le Parti démocratique progressiste (opposition légale) a appelé vendredi à mettre fin à la compagne d'arrestation et à l'ouverture d'un dialogue avec les composantes de la société civile et les jeunes chômeurs.