Les bonnes relations de la répression
Comme après les émeutes en Algérie, où tout le monde s'interroge sur les effets politiques du départ de Ben Ali et des scènes de liesse, la question de la succession n'a pour l'instant pas de réponse précise. C'est un vieil apparatchik du régime, Mohamed Ghannouchi, président par intérim, qui tient les commandes et rien ne montre qu'il va les lâcher.
A Alger, où le régime a connu des coups d'état, un terrorisme sanglant et des émeutes à n'en plus finir, on a l'expérience et on ne va pas se démonter facilement. D'ailleurs, les régimes algériens et tunisiens ont toujours été solidaires, et quand il a fallu refouler de Tunisie les opposants algériens ou d'Algérie les opposants tunisiens, tout s'est très bien passé. Au niveau maghrébin d'ailleurs, Maroc inclus, «les ministres de l'Intérieur s'entendent très bien, ce sont d'ailleurs les seuls à se réunir régulièrement».
Autre cruelle similitude: pendant que Ben Ali préparait son fils à la succession, Bouteflika, vieux et malade, prépare celle de son frère, n'ayant pas de fils. Mais rien n'est joué: l'un des scénarios en vogue parle d'une discrète sortie pour raisons de santé du président algérien, accompagné de son frère, plutôt que d'un départ sous la pression. Gentiment déposé par les militaires, il retrouvera peut-être Ben Ali en exil dans le même pays étranger.
Où? En France —qui a fait savoir que le président tunisien n’était pas le bienvenu— cela n’aurait étonné personne, à voir les réactions des officiels de l'Hexagone, qui ont tous donné l'impression qu'ils venaient de découvrir que la Tunisie était une sanglante dictature. La récente sortie de Michèle Alliot-Marie est d'ailleurs incroyable: face aux émeutes en Algérie et en Tunisie, elle n'a pas trouvé mieux que de proposer un encadrement policier pour contrôler les foules aux deux pays, ce qui a donné lieu à d'acerbes commentaires sur la « pacification française ». Une expression de sinistre mémoire.