Saturday, January 8, 2011

Mal-vivre et les «émeutes de la faim» FAYEZ NURELDINE/AFP

Les «émeutes de la faim» en Algérie ont fait leurs premières victimes. Selon un premier bilan officiel annoncé par le ministre de l'Intérieur, deux personnes sont mortes et 300 policiers ont été blessés durant les quatre jours de violences.

Un homme de 32 ans est mort vendredi lors d'émeutes à Bou Smaïl, petite ville située à 50 km à l'ouest d'Alger, dans des affrontements avec la police, a indiqué samedi une source médicale. Akriche Abdelfattah serait décédé après avoir reçu une grenade lacrymogène en pleine figure. Son corps a été transporté à la morgue de la petite ville de Qolea, à un vingtaine de kilomètres d'Alger.

Le journal El Khabar avait annoncé un peu plus tôt samedi qu'un jeune homme de 18 ans, Azzedine Lebza, avait été tué la veille par balle à Ain Lahdjel, dans la région de M'Sila, à 300 km au sud-est d'Alger. Il est mort sur le coup alors que la police tentait de repousser des manifestants qui avaient réussi à pénétrer de force à l'intérieur de la poste et de la sous-préfecture, selon le quotidien. Trois de ses camarades ont aussi été blessés lors de l'incident.


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Un conseil interministériel prévu ce samedi

A Annaba, à plus de 600 km à l'ouest d'Alger, 17 personnes ont par ailleurs été blessées, dont trois policiers par des jets de pierre de manifestants, selon la protection civile. L'un des trois policiers atteint à la tête est dans un état grave.

Les affrontements entre jeunes manifestants et forces de l'ordre ont repris vendredi en Algérie, notamment à Alger et Oran, et se sont étendus dans l'est du pays et en Kabylie, malgré les appels au calme des autorités et de plusieurs imams. Dans la capitale, vendredi après-midi, dans le quartier populaire de Belouizdad (Belcourt), des groupes de jeunes ont affronté avec des pierres et des bouteilles en verre des policiers déployés en masse et lourdement armés. Les policiers se sont opposés aux manifestants en faisant usage de canons à eau et de gaz lacrymogènes.

Depuis plus d'une semaine, de petits groupes de jeunes dénoncent un peu partout dans le pays ce qu'ils appellent leur «mal-vivre», que ce soit faute d'emploi -plus de 20% des jeunes sont chômeurs- ou faute de logements. Les autorités sont sorties de leur silence vendredi: le ministre algérien de la Jeunesse et des Sports Hachemi Djiar a appelé les jeunes manifestants à «dialoguer de façon pacifique». La violence «n'a jamais donné des résultats, ni en Algérie ni ailleurs, et cela nos jeunes le savent», a-t-il assuré lors d'une visite à Constantine, à l'est d'Alger.

Un Conseil interministériel est prévu ce samedi pour examiner les moyens de juguler la flambée des prix des produits de base, à l'origine depuis une semaine des émeutes dans le pays, avec notamment de violentes manifestations jeudi.