De nouveaux câbles obtenus par Wikileaks et révélés de nouveaux éléments qui permettent aujourd’hui de comprendre comment et pourquoi Souha Arafat a été déchue de sa nationalité tunisienne le 2 août 2007.
Au cours de son séjour en Tunisie, Souha Arafat s’est ainsi liée d’affaires avec Mme Benali avec laquelle elle avait ouvert l’Ecole internationale de Carthage, avec laquelle elle a fondé plusieurs sociétés à Dubaï et investi dans la téléphonie mobile. Alors que les deux dames sont intiment liées, alors que Souha bénéficie d’un statut de privilégiée en Tunisie, le vent tourne brusquement en sa défaveur durant l’été 2007. Du jour au lendemain, la vie dorée de la veuve Arafat se dérobe sous pieds.
A l’époque des faits, plusieurs versions ont circulé dans la presse internationale pour tenter d’expliquer cette chute brutale. Souha aurait épousé en secret le frère de Leila Ben Ali, Belhassen Trabelsi, elle aurait eu des vues sur les richesses de la famille régente, elle aurait piqué dans la caisse de l’école de Carthage, elle aurait demandé de l’argent à Khadafi et déversé son fiel sur le président Ben Ali, elle aurait aussi fait de l’ombre à la famille du raïs tunisien, famille connue pour sa propension à s’accaparer les richesses de la Tunisie. Bref ! Plusieurs rumeurs, mais pas l’ombre d’une confirmation officielle.
Lors d’une conversation téléphonique avec l’ambassadeur à la mi-octobre, Mme Arafat a justifié sa déchéance par une animosité personnelle avec la Première dame, Leila Ben Ali. « Je ne peux pas croire à ce qu’elle m’a fait, s’est-elle écriée. J’ai tout perdu ! » Elle s’est plainte que tous ses biens en Tunisie lui ont été confisqués, y compris en recourant à des documents falsifiés. ( La rumeur dit que Mme Araft a investi – et perdu -quelque 2,5 million d’euros dans le projet de l’Ecole internationale de Carthage). De plus, dit-elle, ses amis, ses collègues ainsi que son banquier en Tunisie ont été également soumis à des pressions. « Quiconque me soutient est puni. »
Mme Arafat a attribué sa déchéance à un différent avec Mme Ben Ali autour de l’Ecole Internationale de Carthage, une nouvelle école privée, à but lucratif, dont elles étaient associées. Selon la version des faits rapportée par Mme Arafat, la dispute est née de la décision de Leila Ben Ali de fermer l’école Bouebdelli (connue sous le nom de la Fondation Louis Pasteur), une grande école privée très respectée d’où une grande partie de l’élite tunisienne est sortie). ( Note : Le ministère de l’Education a notifiée, mi-mai, à L’école Bouadbelli sa fermeture, officiellement pour non-respect des règlements d’inscription.
D’autres rumeurs ont circulé autour de cette école, apportant un autre son de cloche. Selon une autre version, c’est plutôt Mme Arafat qui a outrepassé ses limites, et non Leila Ben Ali. Plus précisément, on dit que Mme Arafat a convaincu le Ministère de l’Education de la fermeture de l’école Bouebdelli. Pour ce faire, elle aurait évoqué le nom de Mme Leila Ben Ali comme étant lié à cette école. Bien que sujette à caution, cette version laisse croire que Leila Ben Ali n’était pas tenue au courant du fait que son nom ait été évoqué. Ausi, la première dame du pays aurait été fortement irritée en apprenant la nouvelle de la fermeture de cette école – donc de son rôle présumé dans cette décision – à travers des articles parus dans la presse locale et internationale. ( Commentaire : Le fait que l’école ne Bouebdelli n’a pas été rouverte, même après la déchéance de Souha Arafat de sa citoyenneté, semble mettre en doute la véracité de cette version. Commentaire Fin.)
De nombreuses autres versions ont alimenté la rumeur autour de l’affaire de Suha Arafat. Un Palestinien résident en Tunisie, plutôt bien renseigné, a affirmé à l’ambassadeur sous le sceau de l’anonymat que le sort de Mme Arafat a été scellé lors d’un récent séjour à Tripoli au cours duquel elle a sollicité de l’argent auprès du leader libyen Khadafi. Khadafi a généreusement mis la main à la poche pour aider Souha, mais il aurait appelé le président Ben Ali pour lui reprocher de ne pas avoir subvenu aux besoins de la veuve de l’ex-président de l’Autorité palestinienne.
L’embarras de Ben Ali, selon cette version, a vite tourné à la colère. Il ne fallait pas longtemps pour que Mme Arafat perde sa citoyenneté tunisienne. Une autre version raconte que Suha Arafat a été déchue parce qu’elle a mis le grappin sur une partie importante des biens de la famille de la première dame de Tunisie. Finalement, au vu de rumeurs persistantes selon lesquelles Mme Arafat s’est secrètement mariée avec Belhassen Trabelsi, le frère de la première dame de Tunisie, certains commentateurs pensent que toute cette affaire est liée à l’échec de cette relation entre Arafat et Trabelsi.