Monday, March 28, 2011

Yémen: Saleh a trompé Ryad pour tenter d'éliminer un rival, le général Ahmar (WikiLeaks)

Le président yéménite Ali Abdallah Saleh a "vraisemblablement" tenté d'éliminer, avec l'aide involontaire des Saoudiens, le général Ali Mohsen al-Ahmar, aujourd'hui rallié aux contestataires, révèle lundi un journal norvégien sur la foi d'une note diplomatique.

Au cours de l'hiver 2010, des avions de chasse saoudiens utilisés pour bombarder la rébellion chiite qui sévissait au Yémen depuis 2004 ont été dirigés vers un bâtiment, présenté comme un siège important des insurgés, écrit Aftenposten, citant un télégramme de l'ambassade des Etats-Unis à Ryad.

L'opération a toutefois avorté in extremis lorsque les pilotes saoudiens se sont rendu compte qu'ils s'apprêtaient à bombarder le quartier général d'Ali Mohsen al-Ahmar.

Selon Aftenposten, Ali Mohsen al-Ahmar était alors "le demi-frère, un allié proche et le plus grand rival pour la présidence" d'Ali Abdallah Saleh.

"Ce faisant, Saleh a vraisemblablement essayé de se débarrasser d'un rival potentiel", conclut le journal norvégien, qui dit disposer de la totalité des 250.000 documents diplomatiques en possession de WikiLeaks.

Contrairement à ses habitudes, le journal n'a pas publié de fac-similé de la note diplomatique sur son site internet.

Cette note, dont la date de rédaction n'a pas été précisée, rendait compte d'une rencontre "secrète", le 6 février 2010, entre des diplomates américains et le vice-ministre saoudien de la Défense, Khaled Ben Sultan.

Commandant de la région nord-est et de la première division blindée, le général Ali Mohsen al-Ahmar s'est illustré le 21 mars en annonçant son ralliement à la contestation contre le président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans.

Dans un communiqué lu en son nom par son porte-parole Askar Zaïl, le général Ahmar a demandé dimanche au président Saleh de "partir au nom de la révolte" du peuple yéménite et a promis de "faire réussir la révolte pacifique des jeunes par tous les moyens et quel que soit le prix à payer".