LE CAIRE — Deux manifestants et un policier ont trouvé la mort mardi lors de manifestations rassemblant plusieurs milliers d'Egyptiens, qui ont réclamé le départ du président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 1981, une contestation inspirée par la révolte populaire tunisienne.
Deux manifestants sont décédés à Suez (nord de l'Egypte) après des heurts avec la police, et au Caire un policier a succombé après avoir été battu par des manifestants, selon de sources médicales et de sécurité.
Les forces de l'ordre sont intervenues dans la nuit de mardi à mercredi avec d'importants tirs de gaz lacrymogènes pour disperser des milliers de manifestants présents sur la grande place Tahrir, dans le centre de la capitale, proche de nombreux bâtiments officiels.
Scandant "Moubarak dégage", "la Tunisie est la solution", des milliers d'Egyptiens ont défilé au Caire comme à Alexandrie (nord) et dans de nombreuses autres villes, face à un dispositif policier massif.
Selon des spécialistes, ces manifestations anti-gouvernementales étaient les plus importantes depuis les émeutes de 1977 provoquées par une hausse du prix du pain.
La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a toutefois assuré depuis Washington que le gouvernement égyptien, ferme allié des Etats-Unis au Moyen-Orient, était "stable".
Environ 15.000 personnes ont manifesté dans plusieurs quartiers du Caire, dont 10.000 sur la place Tahrir, selon des chiffres officiels, en scandant "le peuple veut le départ du régime".
Au total, 20 à 30.000 membres des forces de l'ordre ont été mobilisés dans la capitale, selon la police.
Le ministère de l'Intérieur a appelé en fin de journée à "mettre fin à ces rassemblements afin d'éviter leurs répercussions sur l'ordre public". Il a accusé le mouvement des Frères musulmans d'être derrière les heurts qui ont eu lieu dans la capitale.
Partout dans le pays les manifestants ont fait référence à la révolte populaire qui a fait tomber mi-janvier le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali après 23 ans de pouvoir.
"Pain, Liberté, Dignité", scandaient certains, reprenant des slogans des manifestants tunisiens. "Moubarak dégage", criaient d'autres.
"Ces manifestations sont les plus importantes depuis 1977 non seulement par le nombre des participants et le fait qu'elles ont lieu dans tout le pays, mais aussi parce qu'elles touchent l'ensemble de la population", estime le politologue Amr al-Chobaki, de l'institut al-Ahram.