Article en PDF : “Où puis-je trouver un drapeau tunisien ?” La question a inondé les blogs égyptiens, Tweeter et Facebook quelques minutes après que la nouvelle soit tombée : les révoltes populaires avaient poussé dehors le dictateur tunisien en place depuis longtemps, Zine el Abidine Ben Ali.
L’Egypte ressent déjà l’onde de choc tunisienne. Les 85 millions d’Egyptiens constituent un tiers de la population arabe. Jusqu’à ce que les Tunisiens évincent leur dirigeant autocratique vendredi soir après 23 ans de règne, l’Egypte, un avant-gardiste régional, était vue comme le premier candidat en lice pour un soulèvement populaire dans le monde arabe.
Aujourd’hui, vu du Caire, il apparaît que le régime militaire du Président Hosni Moubarak, 82 ans, est plus redoutable et plus subtile qu’en Tunisie où Ben Ali a échoué à gérer les premières agitations le 17 décembre. D’après ses supporters, Moubarak a le public avec lui et peut compter sur un large support de la base qui inclut l’armée et de nombreux hommes d’affaires.
« Nous devrions nous rappeler qu’il a survécu à trois tentatives d’assassinat et des centaines d’émeutes et de manifestations sur le prix des denrées alimentaires et d’autres enjeux » remarque Khaled Mahmoud, un analyste indépendant. « Moubarak est simplement plus fort que Ben Ali ; il jouit du soutient de l’institution la plus forte du pays : l’armée. » Mahmoud avance que Ben Ali s’est révélé être un faible président durant les manifestatioons. « Sa performance était très faible. Les Tunisiens ont senti sa fragilité et réalisé que ce qu’ils craignaient n’était juste qu’une illusion.
Moubarak est crédité d’une emprise intelligente sur le pouvoir, autorisant occasionnellement des libertés qui aide à décharger la colère.
« Le régime canalise une partie de la colère à travers des talk shows, ou en tolérant certaines manifestations dans les rues, des articles d’opinion critique dans les journaux, des grèves et des sits-in, » a relaté à IPS Amr Elshobaki, un analyste politique au semi-officiel centre d’études stratégiques du Caire, Al-Ahram.
Elshobaki pointe une autre différence entre l’Egypte et la Tunisie. En Tunisie, les syndicats étaient jusqu’à un certain degré soumis au régime, mais ils avaient tout de même gardé leur structure et une partie de leur intégrité, dit-il. En Egypte par contre, « les syndicats sont devenus comme une entité du gouvernement. Leurs leaders font partie du personnel gouvernemental.”
« La logique de la révolte est la même. Les gens sont les mêmes. L’atmosphère générale est la même » conclut Abdelmonem Amer, éditeur d’Arab News, un média de tendance islamiste. « Le tyran tunisien a fui. Maintenant c’est au tour du pharaon égyptien. Aujourd’hui, c’est la Tunisie et demain ce sera l’Egypte. »