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Algérie, c’est parti: La première manifestation contre le régime à a eu lieu à Ghardaïa
La révolution de Jasmin a culbuté ces idées toutes faites. Puisque non seulement les Tunisiens purent chasser, tout seuls, l’un des régimes les plus féroces du monde, mais ils allaient devenir un exemple à suivre, pour tous les peuples de la région.
En Algérie, Il ne serait venu à l’idée de personne que les Mozabites, musulmans Ibadites, réputés appartenir à une communauté très fermée, et particulièrement paisible, puisse entreprendre la moindre petite action contre le régime qui opprime tous les Algériens.
Et voilà que ce sont ces Mozabites qui, de tous les Algériens, sont les premiers à manifester contre le régime. Ah ! Ces idées reçues...
Grosse suprise, en réalité.
Pendant que le pouvoir magouillait des choses et d’autres, et qu’il mettait en place tout un dispositif pour contrecarrer toute manifestation à Alger, et dans les grandes villes algériennes, c’est dans le sud du pays, au Sahara, à Ghardaïa, plus précisément, que la première manifestation contre le régime a éclaté !
Et comme de bien ententu, les médias algériens, et particulièrement la Télévision, n’en ont soufflé mot. Idem pour la presse étrangère, dont les correspondaants à Alger étaient aux abonnés absents. Pas une seule ligne ! Ni la moindre allusion.
Pourtant, ce qui s’est passé à Ghardaïa est bel et bien une manifestation politique, avec banderolles et slogans. Et quels slogans ! Puisque les manifestants ne réclamaient pas moins que le ralliement de tout le peuple algérien, jusqu’à la chute totale du régime.
Cette marche,symbolique à plus d’un titre, aura été la première à avoir brisé cette lourde ambiance qui pèse sur tout le pays, pendant des semaines. Et elle sera certainement un signal, et un modèle, pour le reste du pays.
Un signal, parce que la chape de plomb a enfin été levée, que la peur a été exorcisée, et un modèle, parce que cette marche a été réellement exemplaire. A plus forte raison qu’elle a été entreprise par les citoyens du M’zab, dont le civisme, le pacifisme et la conscience politique sont autant de qualités typiques de cette région.
Parfaitement bien organisés, brandissant des banderoles qui appellent au changement, les manifestants ont clamé des slogans qui ne laissent aucune place à une quelconque ambiguïté : « Chaab yourid iskat ennidham »(Le peuple exige la chute du régime), « En nidhal, en nidhal, hata yeskout ennidham »(Militons, militons, jusqu’à la chute du régime).
Cette manifestation, qui s’est voulue résolument politique, s’est déroulée dans le calme. Aucune dégradation du mobilier urbain, ni la moindre violence n’ont été déplorées, contrairement aux émeutes quelques peu violentes qui ont lieu à Alger, il y a quelques semaines. Des manifestations qui ont vite tourné à la jacquerie, faute d’organisation. Mais aussi, il faut le dire, à cause d’agents provocateurs du DRS (Police politique du régime), dont le rôle a toujours été, à chaque manifestation de la rue, de pousser les jeunes émeutiers à la dévastation et au pillage. Une méthode éprouvée, par le régime, pour créer une peur panique au sein des populations, et s’ériger ainsi en sauveur de la paix civile.
Rien de tel, dans cette manifestation des habitants du M’Zab. Forte de centaines de manifestants, la marche s’est ébranlée depuis La Cour de justice de Justice jusqu’à la prison de la ville, et de celle-ci vers la Salle d’une Association, en traversant plusieurs artères de la ville. Les services de sécurité, venus en renfort, ne sont pas intervenus, et sont restés à distance.
Après la manifestation, des débats ont été organisés par les Docteurs Kamel Eddine Fekhar et Salah Eddine Sidhoum, tous deux défenseurs des Droits de l’Homme, autour de la situation en Algérie, et des actions qu’il sera nécessaire d’entreprendre afin de hâter un changement radical et pacifique du régime, pour l’avènement d’un Etat de Droit.
Bon augure pour l’Algérie où tout le monde est dans l’attente d’une explosion annoncée, et dont on dit déjà qu’elle ne s’apaisera qu’avec le départ de tout le régime. Mais où tout le monde craint que le régime ne parvienne, comme à l’accoutumée, à faire dégenerer le soulèvement populaire en chaos. Comme les régimes de Tunisie et d’Egypte ont tenté de la faire dans ces pays.
D.Benchenouf