Un officier égyptien devient un héros en ralliant la cause du peuple
arméeEgypte manifestations.
La rue égyptienne attend avec anxiété de voir de quel côté va pencher l’armée : les militaires vont-ils s’allier au peuple, comme en Tunisie, ou se ranger du côté d’Hosni Moubarak ? Certains soldats ont déjà exprimé leur choix et sont désormais traités en héros.
L’armée égyptienne est présente depuis vendredi 28 janvier dans les rues de la capitale. Elle se substitue notamment à la police pour assurer la sécurité des habitants. Avec ses avions de chasse et ses hélicoptères qui survolent le centre-ville du Caire, elle met aussi en garde les manifestants contre les débordements. Les troupes n’interviennent que pour protéger les endroits stratégiques de la capitale, comme les locaux de la télévision et de la radio d’État, ou les hauts lieux de la culture, comme le grand musée du Caire.
La rue égyptienne a accueilli les tanks par des scènes de liesse, et semble, dans l’ensemble, considérer l’armée comme un allié, là où la police est considérée comme le bras armé du régime.
L’armée est donc devenue un interlocuteur politique incontournable. Aujourd’hui, le mouvement islamiste d’opposition des Frères musulmans envisage d’ailleurs d’organiser un large "comité politique", avec l’opposant historique Mohamed el-Baradei, dans le but d’engager un dialogue avec les forces armées.
Le président Hosni Moubarak tente lui-aussi de soigner au maximum ses relations avec les responsables militaires. Deux anciens chefs militaires ont été nommés aux postes de vice-président et de Premier ministre en réponse au soulèvement populaire.Contributeurs
mohamed D
.L’officier : "Nous demandons des élections propres et transparentes"
Le blogueur Issandr el-Amrani a posté sur son blog la vidéo de sa rencontre avec celui que les Égyptiens appellent "L’officier". Ce dernier était descendu dans la rue, en uniforme, pour manifester parmi ses concitoyens. Selon le blogueur, cet homme ne faisait toutefois pas partie des troupes déployées au Caire.
La photo de l’officier porté par la foule en liesse a fait la une, samedi 29 janvier, du quotidien national "Almasry-Alyoum" (Egyptian Today)."On ne peut pas savoir ce qui se passera s’ils reçoivent l’ordre de tirer"
Mohamed D. habite au Caire.
Je n’ai pas lu le journal qui a titré sur ce soldat, mais j’ai entendu parler de son histoire. Les gens en ont beaucoup discutée. Le fait que l’homme portait son uniforme lorsqu’il a pris la parole rend son geste plus fort. C’est un des exemples les plus parlant de la fraternisation entre l’armée et les manifestants, mais je ne crois pas que l’on puisse parler de héros national. Il ne faut pas oublier que l’attitude de l’armée a été jusqu’à présent positive envers les manifestants. Le geste aurait été autrement plus significatif si l’officier avait défié les prises de position de sa hiérarchie.
"Quand j’ai demandé à des soldats pourquoi ils ne tiraient pas, la réponse a été ‘parce qu’on ne nous en pas donné l’ordre’"
Dans des crises comme celle que nous traversons les gens et les médias aiment trouver des personnages emblématiques. C’est vrai que c’est excitant. Cependant, il ne représente pas toute l’armée. Personnellement, quand j’ai demandé à des soldats pourquoi ils ne tiraient pas, la réponse a été ‘parce qu’on ne nous en pas donné l’ordre’. Au fond de moi, je ne pense pas que la relation entre l’armée et le peuple va s’envenimer, car je sais que la plupart des soldats parlent du pouvoir actuel comme d’un pouvoir déchu. Mais on ne peut pas savoir ce qui se passera s’ils reçoivent l’ordre de tirer. "
mohamed D
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