Gérard Buffet, 60 ans, a été pendant un an et demi anesthésiste-réanimateur au Benghazi Medical Center. L'hôpital - 1 200 lits dont 300 opérationnels, 16 blocs opératoires - est le plus moderne de Benghazi, la deuxième plus grande ville de Libye, où est née la contestation. En compagnie d'une dizaine d'autres médecins français, Gérard Buffet y travaillait dans le cadre d'accords de coopération. Avant de parvenir à rentrer en France, lundi, il a assisté, pendant plusieurs jours, à la répression féroce des manifestants par les forces de sécurité libyennes.
"On vient de l'enfer. À partir du mercredi 16 février, on a constaté une frénésie dans la population, les gens étaient certains que l'armée allait les attaquer. Les forces de répression comprennent la police, l'armée, mais surtout des mercenaires tchadiens, nigériens, entraînés au fin fond du Sahara et très bien équipés et armés. On les a vus passer dans des 4x4, armés jusqu'aux dents, c'était très impressionnant. Il est impossible de savoir combien ils sont : certains disent 5 000, d'autres 50 000. Ce sont des machines à tuer. Lorsque le fils de Khadafi promet des rivières de sang, il sait qu'il a ce qu'il faut pour cela. De Tobrouk à Darnah, ils ont commis un véritable massacre, on parle de plus d'un millier de morts.