Problème, comme dans tous les pays du Maghreb, ce trésor est une rente qui ne profite qu'à quelques privilégiés. Malgré les immenses revenus générés par la production de gaz et de pétrole, la société algérienne est confrontée à de gigantesques problèmes en matière de logement, d'emploi, d'éducation... Le gouvernement algérien, s'il a réussi à assainir ses finances, n'a su ni redistribuer la manne gazière ni diversifier une économie devenue complètement dépendante du prix des matières premières.
... Mais les Algériens restent pauvres
Le taux de chômage est officiellement autour de 12% de la population active mais beaucoup estiment qu'il est largement sous-estimé. Ainsi, selon les statistiques officielles, le chômage des jeunes serait passé de 45% à 21,5% entre 2003 et 2008 alors que la plupart des experts doutent de cette baisse fulgurante et le situent plutôt entre 30 à 40%. Soit une situation comparable à celle de la Tunisie. Or, avec un quart de la population qui a moins de 15 ans, l'économie doit intégrer des centaines de milliers de nouveaux arrivants chaque année sur le marché du travail alors même que le secteur marchand est totalement atone. Aujourd'hui encore, 140.000 personnes quittent l'Algérie chaque année pour trouver un avenir meilleur à l'étranger.
Dans le même temps, 28% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Soit beaucoup plus qu'en Tunisie (15 à 20%). Ce qui rend la population très sensible aux variations de prix des biens de première nécessité. La mortalité infantile est l'une des plus fortes de la région et l'alphabétisation ne progresse plus. Cette dernière est particulièrement faible chez les femmes dont le taux d'activité ne dépasse pas 14%. Il était de 17% il y a 10 ans.
Autre plaie de la société algérienne, le logement. Dépassé par l'accroissement démographique, le secteur ne suit pas. Les Algériens les plus modestes s'entassent à la périphérie des villes dans des immeubles vétustes et mal construits. Ces constructions faites à la va-vite, dans des conditions financières souvent occultes, sont très sensibles aux séismes. En 2003, le tremblement de terre dans la région d'Alger, qui avait fait près de 3000 morts, avait attisé la colère et placé le logement au rang de priorité nationale. Depuis, les promesses ne se sont pas concrétisées.
Une économie rentière et corrompue
Pourquoi ce constat alors que le pays est le plus riche de la région? Comme l'indiquait l'économiste Lahcen Achy en janvier à l'Expansion.com, l'Algérie vit sous un régime d'économie dirigée dont les plans quadriennaux sont la colonne vertébrale. "Pour autant, l'économie algérienne est mal gérée et n'est jamais passé à l'économie de marché, malgré plusieurs tentatives", expliquait-il. L'efficacité de la dépense publique est ainsi largement remise en cause. Et pas seulement parce qu'elle est source de gaspillages. Si elle permet au pays de se bâtir des infrastructures, elle n'est en effet pas assez orientée vers les investissements productifs. Dès lors, la création de richesses, hors secteur gazier, est trop faible pour subvenir aux besoins de la population. Au final, la croissance ne dépasse pas 3% en moyenne alors que le Maroc et la Tunisie, sur la même période, connaissaient un accroissement respectif de 5% et 4%.