Les mobilisations du 3 février au Yémen ont rassemblé des centaines de milliers de Yéménites à travers le pays. Corroborent-elles l’hypothèse d’une « contagion » des révoltes tunisienne et égyptienne à la seule République de la péninsule Arabique ? Si les protestations en sont solidaires, elles s’inscrivent pourtant dans des dynamiques internes spécifiques au champ politique yéménite.
Jeudi matin à Sanaa, des milliers de personnes se sont rendues aux portes de l’université pour demander le changement, la réforme du système politique et la lutte contre la corruption, voire, de façon plus minoritaire, le départ immédiat du président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 1978. La dynamique protestataire yéménite n’est évidemment pas étrangère aux développements politiques régionaux. Les manifestants, qui rendent hommage et expriment leur soutien aux peuples tunisien et égyptien, semblent en effet fortement inspirés par le « gouffre immense dans le mur des dictatures arabes » occasionné, selon un journaliste local, par la chute de Ben Ali. En témoigne également la reprise par certains groupes des slogans scandés par les foules en Tunisie et en Égypte, relevés par la presse yéménite et diffusés en boucle sur les chaines satellitaires arabes au cours des dernières semaines : « Dégage », « Le peuple veut faire tomber le système » ou encore « Dehors les corrompus ».