Saturday, March 12, 2011

Mediarabe.info : La Syrie réprime ses opposants au Liban : Impuissance ou complicité de Beyrouth ?

La Syrie réprime ses opposants au Liban : Impuissance ou complicité de Beyrouth ?


Selon l’opposition, une partie de la fortune du président Assad est placée en Suisse. Disparition de 3000 Syriens en février.

En février, trois ouvriers syriens ont disparu à Beyrouth. Ils auraient été "enlevés" par des officiers libanais pro-syriens, et exfiltrés vers Damas, pour avoir appelé à manifester contre la dictature syrienne. Human Rights Watch réclame une enquête indépendante, et les Libanais craignent un retour déguisé des Services syriens au Liban.
Plusieurs sources médiatiques libanaises avaient soulevé, la semaine dernière, le cas de trois ouvriers syriens (trois frères) qui ont disparu le 25 février à Beyrouth, après l’interrogation de l’un d’entre eux par les Forces de sécurité intérieure (FSI). Il est accusé de militantisme hostile au régime de Damas. Jassem Merhi Jassem était en effet poursuivi pour avoir distribué des tracts appelant à un changement démocratique en Syrie. Les FSI affirme l’avoir libéré, mais ses proches accusent un officier des FSI d’avoir agi pour le compte de la Syrie. Aujourd’hui, Human Rights Watch révèle que six ressortissants syriens ont ainsi été arrêtés (quatre seraient emprisonnés, les autres auraient été envoyés par la force en Syrie), accusant les Renseignements militaires de les avoir interpelés. HRW appelle les autorités libanaises à ouvrir une enquête.
L’antenne libanaise de l’ONG de défense des droits de l’homme craint que les ces ressortissants syriens, qui résident et travaillent au Liban depuis cinq ans, ne soient kidnappés et ramenés de force en Syrie. Cette situation inquiète les Libanais, qui redoutent un retour déguisé des Services syriens au Liban à travers les officiers promus et placés à des postes stratégiques durant les années d’occupation syrienne. Selon plusieurs observateurs à Beyrouth, « le plus inquiétant est que ces disparitions interviennent près d’un mois après la visite du commandant en chef de l’armée libanaise à Damas, et sa rencontre avec le président Assad ». Celui-ci aurait demandé au général Jean Kahwaji de « veiller à neutraliser l’armée dans le bras de fer entre le Hezbollah et les souverainistes ! »

Y a-t-il un lien de cause à effet ? L’enquête devrait le déterminer. Mais au moment où le Hezbollah et ses alliés ont renversé le gouvernement, et s’emploient à former un nouveau qui sera forcément pro-syrien, il y a peu d’espoir de faire toute la lumière sur ces disparitions. A moins que la révolution tant attendue en Syrie ne réussisse et ne permette de libérer des milliers de libanais et de syriens toujours détenus au pays du Baas. A cet égard, le site « Free-Syrie » révélait hier que « près de 3.000 activistes syriens ont été arrêtés à la veille de la manifestation prévue le 5 février et ont disparu. Leurs familles sont sans nouvelles depuis leur kidnapping. Le régime visait ainsi à décapiter le mouvement de contestation » conclut le site. Aujourd’hui, le même site s’appuie sur un rapport suisse pour affirmer que « les avoirs de Bachar Al-Assad dans les banques helvétiques sont évalués à 2 milliards de dollars ».