Israël a demandé samedi aux Nations unies l’annulation du rapport rédigé par Richard Goldstone sur le comportement de Tsahal lors de l’opération "Plomb durci" dans la bande de Gaza fin 2008-début 2009.
Dans ce document remis en 2009 au Conseil des droits de l’homme des Nations unies, le magistrat sud-africain estimait qu’Israël tout comme le Hamas au pouvoir à Gaza s’étaient rendus coupables de crimes de guerre lors du conflit.
Vendredi, le juge écrivait dans une libre-opinion publiée par le Washington Post : "Si j’avais su ce que je sais maintenant, le rapport Goldstone aurait été différent".
Quelque 1.400 Palestiniens, dont plusieurs centaines de civils, et 13 Israéliens ont péri lors de l’opération lancée par Tsahal en représailles à des tirs de roquettes sur l’Etat juif.
Les Israéliens ont refusé de coopérer avec la mission d’information du juge Goldstone avant de qualifier le contenu de son rapport de "déformé et partial".
Dans un communiqué publié samedi, le Premier ministre Benjamin Netanyahu demande à l’Onu de procéder à l’annulation de ce rapport. "Tout ce que nous avons dit s’est révélé exact. Israël n’a pas nui intentionnellement aux civils. Le fait que Golstone se soit rétracté doit aboutir à classer le rapport", affirme le communiqué.
Réagissant à la mise au point du rapporteur, le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, a invité dans un communiqué ce dernier à "présenter ses conclusions devant les instances internationales à qui il avait soumis son rapport ’dénaturé et trompeur’".
De son côté, le chef de la diplomatie israélienne, l’ultranationaliste Avigdor Lieberman, a déclaré sur la deuxième chaîne de télévision que les civils n’avaient pas été pris pour cible. "Notre système judiciaire a enquêté sur chaque cas (de mauvaise conduite) sans préjugé (...) la vérité a fini par percer".
Dans sa tribune libre, Richard Golstone écrit que si Israël avait coopéré avec lui au moment de sa mission, il aurait pu montrer que sa politique n’avait pas consisté à cibler délibérément les civils.
Il ajoute dans les colonnes du Washington Post : "Je regrette que notre mission d’information n’ait pas eu ces éléments expliquant les circonstances dans lesquelles nous avons dit que des civils ont été pris pour cible parce que cela aurait probablement influencé nos conclusions sur le caractère intentionnel et les crimes de guerre".
Le magistrat note aussi que l’Etat juif a enquêté à des degrés divers sur les incidents mentionnés dans son rapport, contrairement au Hamas qui n’a lancé aucune investigation sur les tirs de roquettes.
Pour Sami Abou Zouhri, porte-parole du Hamas, les précisions fournies par Goldstone ne changent pas le fait que "des crimes de guerre ont été commis contre les 1,5 million de personnes vivant à Gaza".
Le ministre palestinien des Affaires étrangères, Ryad al Malki, a jugé que le "rapport est aussi clair que les crimes qu’Israël a commis au cours de cette guerre".