http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/03/31/les-syriens-ont-defie-et-brise-la-loi-du-silence_1501276_3232.html
Mais le roi ne paraît pas pour autant proche de sa fin. Car, à la différence de ses aînés arabes, le président syrien a deux corps : un corps de tyran et un corps de résistant. Le premier se meurt, atteint des mêmes maladies qui ont emporté les Ben Ali et compagnie. Tandis que le second rayonne, incarnant une aspiration nationale qui se nourrit de la nostalgie d'une Syrie naturelle charcutée par les vilains accords de Sykes-Picot en 1916 (qui ont remodelé le Moyen-Orient).
Le premier est honni dans la mesure où il est associé à un régime qui a poussé la répression jusqu'à l'anthropophagie et le népotisme jusqu'à l'inceste, alors que le second est l'objet d'une certaine fierté nationale. Une fierté plus ou moins bien assumée, née de l'humiliation accumulée depuis la défaite arabe de juin 1967, qui fait du jeune chef aux yeux bleus, généralissime de son état, le seul dirigeant arabe capable de tenir tête au vieux chef croisé, George W. Bush. Le seul dirigeant arabe, aussi, à soutenir les guérillas suicidaires du Hezbollah et du Hamas, censées ouvrir la voie à la libération de Jérusalem. Le seul dirigeant arabe, enfin, à prétendre oeuvrer à l'avènement d'une nation arabe une et indivisible, débarrassée de l'entité sioniste.