Plusieurs dizaines de personnes ont manifesté ce jeudi dans le centre de Tunis pour dénoncer des «mises en scène politique» des autorités de transition et réclamer des «changements concrets», a constaté l'AFP. «Rien n'a changé en Tunisie, sauf la multitude des mises en scène successives de nos politiciens qui prennent les citoyens pour des ignorants», a lancé Jaber, 42 ans, un des manifestants rassemblés devant le théâtre municipal de Tunis.
«On ne sait pas ce que nos politiciens font exactement dans cette période importante de l'histoire de la Tunisie, rien de concret n'a été réalisé ni pour réduire le chômage ni pour instaurer la stabilité et la sécurité dans le pays», a renchéri Salem, 27 ans.
Manifestations quotidiennes
Depuis une semaine, des groupes de jeunes se regroupent chaque jour devant le théâtre de Tunis pour exprimer leur colère, et dénoncent sur haut-parleur «la passivité du gouvernement de transition qui ne fait que limoger un ministre ou condamner la corruption des partisans du président déchu Zine El Abidine Ben Ali», selon Mouna, une étudiante de 24 ans. Le président par intérim Foued Mebazaa a démis lundi de ses fonctions le ministre de l'Intérieur Farhat Rajhi, sur proposition du Premier ministre Béji Caïd Essebsi.
Il a été remplacé par Habib Essid, 61 ans, un diplômé en agronomie de l'Université du Minnesota aux Etats-Unis. Ce dernier est déjà contesté pour avoir occupé sous le régime Ben Ali (nov 1987-janv 2011) les postes de chef de cabinet du ministre de l'Agriculture de 1993 à 1997 puis du ministre de l'Intérieur de 1997 à 2001. «L'amélioration enregistrée au niveau sécuritaire demeure toujours insuffisante», a indiqué mercredi soir le Premier ministre par intérim Béji Caïd Essebsi dans une interview télévisée.
«Les protestations, les sit-in et les grèves ne sont plus tolérables et ne doivent pas continuer, même si elles s'appuient sur des revendications légitimes» a-t-il ajouté, alors qu'un appel a été lancé pour une grande manifestation vendredi place de la Kasbah, le quartier de la primature et des ministères, qui a longtemps été l'épicentre de la contestation après la chute de Ben Ali, le 14 janvier.