De jeunes Koweïtiens ont appelé à une manifestation pour mardi dans cet émirat richissime, jusqu’ici épargné par la vague de contestation du monde arabe, afin d’obtenir la démission du Premier ministre cheikh Nasser Mohammad al-Ahmad Al-Sabah, accusé d’incompétence.
L’appel a été lancé par dix groupes qui rassemblent des islamistes, des libéraux et des nationalistes arabes dans cet émirat pétrolier, quatrième producteur de l’OPEP, dont la population de quelque 3,5 millions d’habitants compte seulement un tiers de nationaux.
"La première étape vers les réformes doit être la formation d’un nouveau gouvernement avec un nouveau Premier ministre capable de guider le pays, et de combattre les injustices", a indiqué la semaine dernière un communiqué du Bloc de l’action populaire.
Un des principaux organisateurs de la manifestation, l’association des jeunes de la Cinquième Muraille, a utilisé le réseau social Twitter pour mobiliser des participants en vue de cette journée, qui correspond à la première réunion du Parlement après six semaines de vacances.
"La meilleure solution est le départ du Premier ministre. Le Koweït mérite mieux", estime un des messages de Twitter, alors que l’émirat dispose de réserves financière estimées à plus de 300 milliards de dollars.
Un autre groupe récemment formé, baptisé Kafi (assez, en arabe), a appelé à un sit-in permanent sur la place principale de la ville de Koweït "jusqu’à ce que nos revendications soient satisfaites".
Depuis sa nomination comme Premier ministre en 2006, cheikh Nasser a dû faire face à une opposition parlementaire incessante qui l’a contraint à dissoudre cinq des six cabinets qu’il a présidés. Le Parlement a été également dissous trois fois.
Encouragés par les appels à plus de démocratie qui secouent le monde arabe de la Tunisie au Yémen des groupes d’opposition au Koweït ont décidé d’exiger de nouvelles réformes dans cet Etat du Golfe qui a obtenu son indépendance des Britanniques en 1961, et s’est doté l’année suivante d’une constitution.
Le Koweït a un Parlement de 50 membres dont certains sont automatiquement nommés lorqu’ils sont désignés au gouvernement. Quinze ministres sur seize de l’actuel cabinet siègent au Parlement et ont le même droit de vote que les députés élus, sauf dans le cas d’une motion de censure contre un ministre. Par ailleurs, la chambre n’a pas le pouvoir de faire chuter le gouvernement.
Le Forum démocratique, qui compte un député et le parti islamiste Oumma, ont demandé de façon explicite que le Premier ministre soit choisi hors de la famille Al-Sabah.
"Cela permettrait d’éviter que les disputes à l’intérieur de la famille royale n’aient un impact sur la manière dont l’état est géré", a expliqué le Forum dans un communiqué dimanche.
Des tensions à l’intérieur de la dynastie des Al-Sabah, qui règne sur le Koweït depuis 250 ans, sont rendues responsables par des critiques du système de la l’actuelle paralysie politique de l’émirat.
Le parti Oumma a également appelé à la légalisation des partis politiques, l’approbation du pluralisme politique, et une transition pacifique du pouvoir et le principe d’un gouvernement élu".
Le Bloc islamiste du développement et de la réforme, qui a quatre élus au parlement, a également plaidé pour que les ministres n’aient plus le droit d’être députés.
Pour le moment l’émir Sabah al-Ahmad Al-Sabah, qui se trouve hors du pays pour un voyage privé, a ignoré les demandes de réformes formulées par l’opposition et qui devraient nécessiter une révision de la constitution.