Quelques centaines de manifestants, des jeunes en majorité, ont participé, hier, à un rassemblement devant le Parlement marocain à Rabat pour réclamer «un Etat de droit» et des réformes politiques et sociales «radicales» dans le pays. Les manifestants répondaient à un appel lancé via Facebook, soutenu par des militants de défense des droits de l’homme.
Ils se sont rassemblés dans le centre de la capitale marocaine avant de se diriger vers le Parlement où ils se sont figés pendant quelques minutes, faisant le V de la victoire. A Casablanca, plusieurs centaines de personnes, se sont réunies sans incident sur la place Mohammed-V, dans le centre-ville, portant des pancartes avec les mots «dignité», «justice sociale», «non au cumul du pouvoir et de la fortune». Dans la foule se trouvaient de nombreux membres de l’important mouvement islamiste Justice et Bienfaisance, une organisation non reconnue mais tolérée, qui a récemment appelé à un «changement démocratique urgent» au Maroc.
Un autre rassemblement d’une centaine de manifestants a eu lieu à Tanger (nord). Les forces de l’ordre sont intervenues pour disperser un groupe de jeunes venus perturber la manifestation, selon les autorités locales. A Taounate (nord), un rassemblement organisé par la coordination locale de soutien au mouvement Jeunes du 20 Février a été empêché par la police. Les participants entendaient réaffirmer leur pleine adhésion aux revendications exprimées par les jeunes qui exigent des réformes constitutionnelles de fond, notamment l’adoption d’une nouvelle Constitution, la dissolution du Parlement et la démission du gouvernement.
Les promesses du roi n’ont pas calmé la rue
Les manifestants exprimaient également des revendications à caractère socioéconomique, une justice indépendante, la fin de la corruption, du travail pour les Marocains et l’augmentation du salaire minimum garanti. Des jeunes femmes ont également pris part à ces manifestations, dénonçant notamment le mariage des mineures, la polygamie et la ségrégation en matière de salaires.
Le mouvement du 20 Février a appelé à une nouvelle journée nationale de manifestations le 20 mars pour réclamer «plus de démocratie» et un changement de Constitution qui limite les pouvoirs du roi. Le message vise en premier lieu le Makhzen, le puissant appareil d’Etat, et réclame une limitation des pouvoirs très étendus du roi, mais sans remettre en cause la légitimité de la monarchie qui reste très populaire au Maroc. Les revendications multiformes font écho aux inégalités toujours profondes au Maroc, en dépit des réformes promises par le roi Mohammed VI, après son accession au trône en 1999.
Des hommes d’affaires, pour certains proches de la monarchie, des intellectuels et des défenseurs des droits de l’homme soutiennent le mouvement, de même qu’un important parti de la coalition gouvernementale, l’Union socialiste des forces populaires.