Wednesday, March 23, 2011

Sur la route entre Benghazi et Ajdabiyah pourquoi la France drapée dans le pacifisme : Suhaib Salem

Au revoir la diplomatie européenne L'intervention militaire en Libye ne sera pas une partie de plaisir On se rappelle la position inébranlable de la France lors de l’invasion américaine de l’Irak en 2002. Le «vieux pays» qui en avait tellement vu, le leader européen fatigué des guerres qu’il a menées au cours de son histoire… La France apaisée et pacifiste avait refusé de partir en guerre contre un leader que l’on estimait fréquentable, surtout devant l’abondance de contrats qu’il entretenait avec l’économie française.
En 2011, la France guerrière est de retour. Leader de la résistance contre le tyran libyen, le gouvernement français par la voix d’Alain Juppé et l’inspiration du président Sarkozy, entend imposer la paix des armes par le fracas des bombardements. Comment en est-on passé d’un refus presque poli d’attaquer Saddam Hussein à une volonté sans faille de détruire Mouammar Kadhafi? Et surtout, comment le faire passer dans une opinion publique déjà préoccupée par la catastrophe japonaise?
On peut argumenter que la situation de l’Irak en 2003 et celle de la Libye en 2011 sont différentes. Elles possèdent pourtant des points communs: à leur tête, un autocrate financé par des hydrocarbures, entretenant des relations complexes avec l’occident et régnant sur son peuple par la terreur et les répressions sanglantes
La France, comme la plupart des grands pays dominant le Conseil de sécurité de l’ONU, fait varier sa diplomatie à l’égard de ces utiles dictateurs.
La diplomatie française connaissait parfaitement les massacres de Saddam Hussein, notamment le gazage de la minorité kurde, et on avait accepté les termes de la première Guerre du Golfe en 1991, mais réattaquer l’Irak en 2003 était impensable. Pourquoi? Sans doute parce que c’était la guerre des Américains, et qu’on ne voyait pas l’intérêt d’attaquer un pays avec lequel les relations étaient profitables.
Aujourd’hui, la France a l’option de mener la bataille à la fois sur le plan diplomatique, à l’ONU, mais aussi sur le terrain. De son côté, le président Obama, qui a montré qu’il prend toujours le temps de peser une décision, suivra la France, trop heureux de montrer que son pays n’est pas l’instigateur d’une guerre contre les Arabes.