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Les Etats-Unis et leurs alliés sont décidés à mater toute rébellion arabe susceptible d’enfanter un système politique qui tenterait de contrecarrer les préservations de leurs intérêts dans la région ou de bloquer les projets expansionnistes d’Israël.
Calquée sur le projet sioniste de Bengourion, l’idée du Grand Moyen-Orient (GMO) n’est nullement une vue de l’esprit. Un responsable américain en poste à Alger, à la fin des années 2000, nous avait affirmé, à propos du GMO que «le trésor américain lui consacre un budget important, sa réalisation devra passer par différentes étapes. Nous prendrons le temps qu’il faut !» Il nous répétait souvent que «nous, les Américains, même quand nous faisons de faux diagnostics, nous nous ne rétractons jamais.» La réponse était à une question sur l’invasion américaine en Irak. Le diplomate américain qui n’avait rien d’un diplomate classique, nous expliquait que «nous ne réagissons jamais avec les sentiments, nous sommes pragmatiques.» «Même quand vous menez des guerres et vous tuez des civils ?» lui avions-nous demandé. «Oui, parce que quand on décide d’une guerre, on l’a commence et puis on voit ce que ça donne,» nous répondait-il avec une franchise empreinte d’un cynisme hallucinant. Le responsable américain n’avait en effet, rien d’un diplomate qui était obligé de chercher ses mots pour plaire. Les laboratoires du renseignement américain ne l’ont pas appris à faire dans la dentelle ni dans l’hypocrisie. Il a été le premier responsable américain à dire ouvertement à des journalistes algériens que les Etats-Unis refusaient l’indépendance des Sahraouis. «On ne peut pas leur permettre d’avoir un Etat parce qu’on sera obligé de les financer pour le construire et de leur donner les moyens pour le protéger, ça nous coûtera trop cher, ça ne nous arrange pas du tout,» nous disait-il. Son successeur, qui quitte ces jours-ci, Alger pour un poste en Afghanistan, a défendu la même idée mais avec bien moins de clarté. «Le projet d’autonomie proposé par le Maroc est crédible et réaliste,» a déclaré David Pearce aux journalistes qu’il a reçus jeudi dernier au siège de son ambassade. Un des derniers aveux de son prédécesseur qui avait, lui, quitté Alger en 2008 pour un poste à Baghdad, était de reconnaître que l’administration américaine n’est plus trop intéressée d’aider la société civile, dans sa forme classique (partis politiques, associations et organisations). «Nous voulons investir dans les jeunes de la région, universitaires ou pas, nous voulons jumeler des universités, prendre en charge des jeunes désœuvrés, leur apprendre l’anglais et les initier aux nouvelles technologies,» faisait-il savoir.